Le Conseil supérieur de la magistrature a rendu un verdict peu gracieux sur l'enquête "Chalice".

Ceux qui, comme Walter Van Steenbrugge, ont dénoncé les illégalités, l'influence et le manque total de respect pour les victimes ont été dépeints, y compris par certains représentants du pouvoir judiciaire, comme des fantaisistes ou des théoriciens du complot.

Les médias et de nombreux magistrats et avocats ont joué à l'homme et à l'oracle pour le bon fonctionnement de la justice. Quatre jours après la publication du livre de Walter Van Steenbrugge (Opération Église(proposé en octobre 2023), un communiqué de presse a été envoyé par le bureau du procureur fédéral, excusant l'absence des victimes. Leur présence n'était pas nécessaire.

La décision du Conseil supérieur de la magistrature est claire comme de l'eau de roche. Les victimes devaient être invitées. À trois reprises, cela n'a pas été le cas. La Cour suprême n'utilise pas le terme "clandestin", mais confirme l'illégalité. Les victimes ont été ignorées. Dans son livre, Van Steenbrugge dénonce le fait que le président du KIB qui a rendu les documents à l'église n'aurait jamais dû siéger. La Cour suprême l'a clairement confirmé et n'a pas compris pourquoi le parquet fédéral n'a pas agi contre lui. Il n'est plus question de théorie du complot. Ce qui reste, c'est une grande indignation que tout cela ait été possible.

La Cour suprême identifie plusieurs dysfonctionnements. A donner le tournis. La Cour suprême ne peut même pas nier qu'il y a eu des traces d'influence : intervention du ministre de la Justice, ingérence inhabituelle du procureur général de Bruxelles, contact avec le Vatican, conversation avec l'avocat de l'évêché. Tout cela passe en revue. Ces traces n'ont pas pu être approfondies car le parquet général de Bruxelles et le parquet fédéral ont refusé de mettre à disposition leurs communications internes.

La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et l'indépendance du pouvoir judiciaire sont essentielles à un État de droit. Dans notre système constitutionnel, cela implique avant tout un contrôle adéquat de chaque pouvoir. Il faut souligner que c'est le mérite de la démocratie que d'avoir pu mettre en place un contrôle aussi approfondi du processus judiciaire. Mais cela ne doit pas s'arrêter là. La commission d'enquête doit terminer son travail. Deux actions sont urgentes.

LIGNE DE FOND

Si la Cour suprême estime qu'il n'y a pas eu de communication interne entre les bureaux des procureurs, la commission d'enquête doit agir elle-même. La commission d'enquête peut agir en tant que juge d'instruction. Cela a déjà été fait dans le passé. Une procédure spécifique est d'ailleurs prévue à cet effet. Il me semble donc évident, compte tenu du contenu du rapport de la Cour Suprême, que la commission d'enquête doit immédiatement faire saisir ces documents. La ligne de fond doit être levée. C'est l'État de droit lui-même qui est en cause.

Deuxièmement, la Chambre des représentants peut obliger le ministre à agir. En 2021, la Chambre des mises en accusation a rappelé le bureau du procureur fédéral parce qu'il voulait se séparer d'une grande partie du dossier en raison de la prescription. Il s'agit notamment des images d'abus sexuels sur mineurs de l'ancien évêque Vangheluwe, qui ne seraient pas des images d'abus sexuels sur mineurs. Les enquêteurs de la police judiciaire pensaient le contraire, mais ils ont été déboutés. La Chambre devrait obliger le ministre à faire usage de son droit d'injonction et ainsi obliger enfin le procureur fédéral à faire ce qui doit être fait : poursuivre les auteurs et rendre enfin justice aux victimes.

Trop d'actes et de profilages ont été imputés à mon collègue. Je ne peux qu'espérer que lui et son bureau redoubleront d'efforts et affûteront leur point de vue. J'ai l'impression que cet espoir se réalisera. Au regret de ceux qui l'envient.