Droit à l'assistance d'un avocat lors d'un interrogatoire : qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Mi-septembre 2021, la Belgique a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour une violation du droit à un procès équitable (article 6 CEDH) car, en somme, la personne en question n'avait droit à aucun droit pendant ses interrogatoires en 2003. avait été assisté par un avocat. La personne s'est vu allouer des dommages-intérêts de 14 000 euros. Depuis l'introduction de l'article 47bis du Code de procédure pénale (à la suite de l'arrêt Salduz rendu par la Cour EDH fin 2008), toute personne a droit à l'assistance d'un avocat lors d'un interrogatoire.

La confrontation avec la police ou la justice peut engendrer beaucoup de stress et d'incertitude pour un citoyen. Le suspect est dans une position particulièrement vulnérable et l'avocat a un rôle crucial dans de tels scénarios. C'est dans cette optique que la Cour européenne a choisi à l'époque d'exiger la présence d'un avocat lors d'un interrogatoire dans le cadre du droit à un procès équitable. La supériorité de l'interrogateur, qui a une connaissance approfondie du dossier et de la réglementation et qui par définition rayonne de pouvoir et d'autorité, peut être contrebalancée par la présence de l'avocat. Nous souhaitons clarifier ce que la présence de l'avocat peut signifier concrètement, entre autres.

Consultation confidentielle

Avant qu'un suspect ne soit obligé de faire une déclaration à la police, le suspect a le droit à une consultation confidentielle avec un avocat de son choix. Si le suspect a été privé de sa liberté, cette consultation peut durer au maximum 30 minutes.

C'est un temps relativement court que nous essayons toujours de passer le plus utilement possible. D'une part, nous essayons de rassurer le suspect, d'établir une relation de confiance et de l'informer au mieux de ses droits et de la suite de la procédure éventuelle. D'autre part, il est également important que nous collections autant d'informations que possible auprès du suspect sur la situation et ce qui s'est passé, afin que nous puissions élaborer ensemble une stratégie pour garantir que l'interrogatoire se déroule le mieux possible et que la situation de la privation de liberté peut être résolue le plus rapidement possible.

Par ailleurs, nous pensons également qu'il est important que le suspect se sente entendu et qu'il se confie à nous, en gardant à l'esprit notre secret professionnel.

interrogatoire

Selon la loi, l'assistance d'un avocat lors d'un interrogatoire a pour objet de permettre le contrôle :

  1. L'interdiction de l'auto-incrimination : on ne peut pas être contraint de s'incriminer en faisant des déclarations incriminantes contre soi-même.
  2. Le droit de garder le silence : on ne peut pas non plus être contraint de répondre aux questions ou de faire une déclaration. Le suspect a toujours le droit de choisir de ne pas répondre à certaines questions sans que cela (en théorie) ait une conséquence négative.
  3. La manière dont le suspect est traité et si aucune pression/coercition non autorisée n'est exercée par la police.
  4. La manière dont la déclaration est traitée par les services de police.

Si nous constatons des manquements aux garanties ci-dessus, nous pouvons toujours intervenir lors de l'interrogatoire et nous adresser aux services de police à ce sujet. On peut aussi se demander si cela peut être consigné dans le procès-verbal.

La loi précise également clairement ce que l'avocat ne peut/doit faire : il/elle ne peut pas répondre à la place du suspect et il/elle ne peut pas gêner le déroulement de l'interrogatoire.

Par exemple, nous essayons d'y répondre – à certains moments où nous constatons que le suspect traverse une période difficile – en demandant aux services de police de répéter ou de clarifier les questions posées, en demandant éventuellement un verre ou une pause pipi, etc.

Notre objectif ultime est de nous assurer que l'histoire du suspect est exacte et avec les bonnes nuances sur papier, telle qu'elle a été conçue par le suspect (et non telle qu'elle est interprétée par la police).

Un premier interrogatoire est souvent la base d'une enquête plus approfondie. Son impact ne doit pas être sous-estimé. C'est pour cette raison que le législateur a intégré les garde-fous décrits ci-dessus, qui doivent également être strictement observés.

La présence d'un avocat lors d'un premier interrogatoire peut permettre à l'avocat de réagir rapidement et de faire la lumière sur le revers de la médaille (ex. une autre direction et aucun temps n'est perdu. Nous conseillons donc à nos clients de toujours consulter un avocat.