Il arrive que les activités d'une entreprise ne se déroulent pas comme prévu et qu'elle ne puisse plus payer ses dettes. Si, en tant qu'administrateur, vous ne déposez pas de demande de mise en faillite à temps, la notion de commerce illicite peut entrer en ligne de compte. Ce concept semble très américain, mais il constitue également un motif de responsabilité des administrateurs en Belgique. De quoi s'agit-il et quelles en sont les conséquences ? C'est ce que nous souhaitons expliquer dans cette quatrième et dernière partie des blogs sur la responsabilité des administrateurs dans le contexte de la faillite.
Si une société fait faillite, la responsabilité d'un administrateur n'est pas automatiquement compromise. Outre les motifs "ordinaires" de responsabilité des administrateurs (voir partie 1), il existe également une responsabilité spéciale en cas de faillite. Nous entendons par là, entre autres, la responsabilité des administrateurs en vertu du :
- le non-paiement des impôts à la source, de la TVA et des cotisations de sécurité sociale ;
- Faute grave évidente ; et
- la négociation abusive.
Les deux premiers motifs de responsabilité des administrateurs de cette liste ont été examinés dans des blogs précédents (partie 2 et partie 3).
Dans le présent document, nous souhaitons faire la lumière sur le troisième et dernier motif de la liste susmentionnée, à savoir le "commerce illicite".
En vertu de la loi, il y a négociation abusive si :
- le (ancien) directeur[1] a poursuivi l'activité, alors qu'à tout moment avant la faillite elle savait ou aurait dû savoir qu'il n'y avait manifestement plus de perspective raisonnable de maintenir l'activité et d'éviter la faillite ; et
- le (précédent) administrateur, à partir du moment visé au point (i), n'a pas agi comme l'aurait fait un administrateur normalement prudent et diligent dans les mêmes circonstances.
En résumé, le commerce illicite implique donc la poursuite d'une activité/société déficitaire, alors que le dirigeant savait ou aurait dû savoir que cette société n'avait plus de perspectives raisonnables d'éviter la faillite, ce qui a conduit à la intérêts des créanciers sont affectées.
Un exemple de négociation abusive est celui d'un directeur qui décide d'effectuer plusieurs investissements supplémentaires dans les opérations de l'entreprise, tout en sachant que les ventes et les revenus ont chuté de manière drastique. En agissant de la sorte, le directeur maintient indûment l'entreprise en vie et contracte des dettes supplémentaires qu'il sait (ou devrait savoir) que l'entreprise ne sera pas en mesure de payer. Cela affecte les recours des créanciers existants. Toutefois, la frontière est mince, car un administrateur doit également pouvoir saisir les dernières chances qu'il juge raisonnablement utiles pour sauver l'entreprise. La poursuite d'une activité gravement déficitaire n'implique donc pas toujours un mépris des intérêts des créanciers. Le tribunal devra donc toujours tenir compte de toutes les circonstances dans son appréciation concrète.
Ce qui est aujourd'hui le sanction Dans l'affirmative, un administrateur pourrait-il être considéré comme coupable d'avoir effectué des opérations illicites ? Si, dans le cadre d'une faillite, il s'avère que les dettes dépassent les revenus, les (anciens) administrateurs peuvent être condamnés personnellement (et conjointement et solidairement ou autrement) à supporter tout ou partie du passif net. Il s'agit donc d'une sanction potentiellement sévère.
Seul le syndic de faillite peut introduire une réclamation à cet effet.
Comment pouvez-vous donc, en tant que directeur, éviter d'être reconnu coupable d'avoir effectué des transactions illicites ? Nous vous proposons ci-dessous quelques conseils:
- Suivez de près la situation financière de l'entreprise. Par exemple, veillez à ce que des rapports financiers réguliers (externes ou autres) soient établis afin que vous puissiez vous faire une idée précise de la situation financière de l'entreprise.
- Veillez à ce que les mesures que vous prenez pour sauver l'entreprise soient documentées et comprennent clairement votre raisonnement en tant qu'administrateur.
- Faire preuve de transparence à l'égard des créanciers et les informer en temps utile de tout problème financier.
- Demandez l'aide opportune d'un expert, tel qu'un comptable ou un avocat, pour évaluer si les activités de l'entreprise peuvent encore être poursuivies de manière responsable ou s'il est temps de procéder à une demande d'ouverture de procédure de faillite.
Vous craignez que la responsabilité de vos administrateurs ne soit compromise, que ce soit dans le cadre d'une faillite ou autre ? Dans ce cas, n'hésitez pas à nous contacter (maren.deracourt@vsadvocaten.be).
[1] Il s'agit du directeur commercial, du directeur quotidien, du directeur de fait et des membres du conseil d'administration ou de surveillance.